extraites des discours de Saint-Just
L'anarchie, Citoyens, est la dernière espérance d'un peuple opprimé ; il a le droit de la préférer à l'esclavage, et se passe plutôt de maîtres que de liberté.
(discours sur la proposition d'entourer la Convention nationale d'une garde armée, 22 octobre 1792)
On ne peut point régner innocemment : la folie en est trop évidente. Tout roi est un rebelle et un usurpateur.
(discours sur le procès de Louis XVI, 13 novembre 1792)
Les mêmes hommes qui vont juger Louis, ont une république à fonder : ceux qui attachent quelque importance au juste châtiment d'un roi, ne fonderont jamais une république.
(discours sur le procès de Louis XVI, 13 novembre 1792)
Tout ce qui porte un cœur sensible sur la terre respectera notre courage ; quel peuple aura jamais fait de plus grands sacrifices à la liberté !
(discours sur le procès de Louis XVI, 27 décembre 1792)
Si vous voulez fonder une République, ôtez au peuple le moins de pouvoir qu’il est possible, et faites exercer par lui les fonctions dont il est capable
(discours sur la réorganisation de l’armée, 11 février 1793)
Les époques ont été rares dans le monde, où la vertu a pu donner aux hommes des lois qui les affranchissent ; n'en perdez point l'occasion.
(discours sur la Constitution, 24 avril 1793)
Le peuple français se déclare l'ami de tous les peuples ; il respectera religieusement les traités et les pavillons ; il offre asile dans ses ports à tous les vaisseaux du monde ; il offre un asile aux grands hommes, aux vertus malheureuses de tous les pays ; ses vaisseaux protégeront en mer les vaisseaux étrangers contre les tempêtes. Les étrangers et leurs usages seront respectés dans son sein.
(projet de Constitution, 24 avril 1793)
Un peuple n'a qu'un ennemi dangereux, c'est son gouvernement ; le vôtre vous a fait constamment la guerre avec impunité.
(rapport sur le gouvernement révolutionnaire, 10 octobre 1793)
Ceux qui font des révolutions dans le monde, ceux qui veulent faire le bien ne doivent dormir que dans le tombeau.
(rapport sur le gouvernement révolutionnaire, 10 octobre 1793)
Si la nation française est pressée dans cette guerre par toutes les passions fortes et généreuses, l'amour de la liberté, la haine des tyrans et de l'oppression ; si au contraire, ses ennemis sont des esclaves mercenaires, automates sans passions ; le système de guerre des armes françaises doit être l'ordre du choc.
(rapport sur le gouvernement révolutionnaire, 10 octobre 1793)
Les malheureux sont les puissances de la terre ; ils ont le droit de parler en maîtres aux gouvernements qui les négligent.
(rapport sur les personnes incarcérées, 8 ventôse an II - 26 février 1794)
Vous avez voulu une République ; si vous ne vouliez point en même temps ce qui la constitue, elle ensevelirait le peuple sous ses débris. Ce qui constitue une République, c'est la destruction totale de ce qui lui est opposé. On se plaint des mesures révolutionnaires ; mais nous sommes des modérés en comparaison de tous les autres gouvernements.
(rapport sur les personnes incarcérées, 8 ventôse an II - 26 février 1794)
Citoyens, on arrête en vain l'insurrection de l'esprit humain, elle dévorera la tyrannie ; mais tout dépend de notre exemple et de la fermeté de nos mesures.
(rapport sur les personnes incarcérées, 8 ventôse an II - 26 février 1794)
Osez, ce mot renferme toute la politique de notre révolution.
(rapport sur les personnes incarcérées, 8 ventôse an II - 26 février 1794)
On trompe les peuples de l'Europe sur ce qui se passe chez nous : on travestit vos discussions ; mais on ne travestit point les lois fortes ; elles pénètrent tout à coup les pays étrangers comme l'éclair inextinguible.
(rapport sur le mode d'exécution du décret du 8 ventôse, 13 ventôse an II - 3 mars 1794)
Que l'Europe apprenne que vous ne voulez plus un malheureux ni un oppresseur sur le territoire français ; que cet exemple fructifie sur la terre ; qu'il y propage l'amour des vertus et le bonheur.
(rapport sur le mode d'exécution du décret du 8 ventôse, 13 ventôse an II - 3 mars 1794)
Le bonheur est une idée neuve en Europe !
(rapport sur le mode d'exécution du décret du 8 ventôse, 13 ventôse an II - 3 mars 1794)
N'en doutez pas, tout ce qui existe autour de nous doit changer et finir, parce que tout ce qui existe autour de nous est injuste ; la victoire et la liberté couvriront le monde.
(rapport sur la police générale, 26 germinal an II - 15 avril 1794)
Il faut que vous fassiez une cité, c'est-à-dire des citoyens qui soient amis, qui soient hospitaliers et frères.
(rapport sur la police générale, 26 germinal an II - 15 avril 1794)
Dans les monarchies tous les hommes puissants sont libres, et le peuple est esclave ; dans la République, le peuple est libre, et les hommes revêtus du pouvoir, sans être assujettis, sont soumis à des règles, à des devoirs, à une modestie très rigoureuse.
(rapport sur la police générale, 26 germinal an II - 15 avril 1794)
L'homme révolutionnaire est intraitable aux méchants, mais il est sensible ; il est si jaloux de la gloire de sa patrie et de la liberté, qu'il ne fait rien inconsidérément ; il court dans les combats, il poursuit les coupables, et défend l'innocence dans les tribunaux ; il dit la vérité afin qu'elle instruise, et non pas afin qu'elle outrage ; il sait que, pour que la révolution s'affermisse, il faut être aussi bon qu'on était méchant autrefois ; sa probité n'est pas une finesse de l'esprit, mais une qualité du cœur et une chose bien entendue.
(rapport sur la police générale, 26 germinal an II - 15 avril 1794)
Le gouvernement révolutionnaire (…) n'est autre chose que la justice favorable au peuple et terrible à ses ennemis.
(rapport sur la police générale, 26 germinal an II - 15 avril 1794)
Je désire qu'on rende justice à tout le monde, et qu'on honore des victoires, mais non point de manière à honorer davantage le gouvernement que les armées ; car il n'y a que ceux qui sont dans les batailles qui les gagnent, et il n'y a que ceux qui sont puissants qui en profitent : il faut donc louer les victoires, et s'oublier soi-même.
(discours du 9 thermidor an II, 27 juillet 1794)
Le bien, voilà ce qu'il faut faire à quelque prix que ce soit, en préférant le titre de héros mort à celui de lâche vivant.
(discours du 9 thermidor an II, 27 juillet 1794)
J'entends dire à beaucoup qu'ils ont fait la Révolution ; ils se trompent, cela est l'ouvrage du peuple. Mais savez vous ce qu'il faut faire aujourd'hui et ce qui n'appartient qu'au législateur même ? C'est la République.
(Projet d’institutions, 1794)
Je n'aime point les mots nouveaux. Je ne connais que le juste et l'injuste, ces mots sont entendus par toutes les consciences.
(Projet d’institutions, 1794)
Nous vous proposons des institutions civiles par lesquelles un enfant peut résister à l'oppression d'un homme puissant et inique.
(Projet d’institutions, 1794)
Je méprise la poussière qui me compose et qui vous parle ; on pourrait la persécuter et faire mourir cette poussière mais je défie qu’on m'arrache la vie indépendante que je me suis donnée dans les siècles et dans les cieux.
(note insérée dans le Projet d’institutions, 1794)
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